Lire et comprendre un texte en langue étrangère : le grand défi

, par Noémie Keunebroek

Rendre un texte de littérature, fût-elle de jeunesse, accessible à des élèves de collège est une tâche difficile. Il y a un décalage entre leur compréhension émotionnelle et leurs compétences langagières, notamment en compréhension écrite qui me semble être l’activité qui leur est la moins familière, car ce sont de petits lecteurs dans leur langue maternelle.

Le groupe de 4èmes LV2 que j’ai choisi pour préparer la rencontre avec Stefanie Höfler se composait de 8 élèves de section bi-langue qui bénéficie d’une heure hebdomadaire de plus et de 22 élèves ayant l’horaire habituel de deux heures trente par semaine. Chacun des deux groupes a eu une tâche finale différente, en lien avec l’utilisation des TICE : les élèves de bilangue ont réalisé une bande-annonce avec l’application Adobe spark vidéo, avec l’aide du professeur-documentaliste expert en la matière et les autres avaient pour consigne de représenter chacun des extraits de texte travaillés en classe sous forme de « Bildgeschichten ». La plupart ont utilisé l’outil Canva, certains ont choisi de dessiner eux-mêmes. L’usage du numérique a transformé l’exercice de compréhension en une étape nécessaire à la création artistique attendue. Pour pouvoir exprimer leur créativité, ils étaient contraints de se confronter au texte.

Après avoir sélectionné quelques extraits, aidée en cela par Madame Thomas – car ce n’est pas facile de découper un texte, de l’amputer de l’avant et de l’après qui nous semblent si indispensables pour suivre le fil de l’histoire - , je les ai adaptés de différentes façons. La batterie de ces adaptations est bien connue des professeurs de langue : traduire les mots difficiles en bas de page, expliquer en français un jeu de mots, une allusion, surligner dans le texte les passages permettant de situer l’action (les classiques W-Fragen), choisir de ne travailler que sur un point particulier (le plus souvent les émotions des personnages). Les rassurer en leur disant qu’il n’est pas question de tout comprendre, les faire lire à haute voix (parfois débout sur une table !) pour écouter la mélodie de la phrase et travailler la prononciation, leur faire écouter le texte lu par un tiers, leur montrer une courte vidéo de Stefanie Höfler qui a eu la gentillesse de se prêter à cet exercice, les filmer pour envoyer leur propre vidéo ont été autant de gestes pour les aider à apprivoiser cette activité devenue si peu familière. Il fallait leur montrer que la réussite de la rencontre était conditionnée par leur travail en amont.

Nous avons beaucoup utilisé le « Platzdeckchen » de l’Institut Goethe, outil d’une simplicité enfantine mais réellement efficace pour les faire travailler en groupe. Voici le lien à consulter pour plus d’informations :
 https://heterogenitaet.bildung-rp.de/fileadmin/user_upload/lernen-in-vielfalt.bildung-rp.de/03_Materialien/3_2_Aktivierung/3_2_5_Placemat/Placemat_Download.pdf

L’application Learningapps a été également d’un grand secours pour avoir un feed-back immédiat quant à la compréhension du récit. Nous avons travaillé le vocabulaire des émotions avec l’outil quizlet.

La dernière partie du projet a été menée en collaboration avec un collègue de lettres qui a fait travailler le reste de la classe sur des textes traitant du deuil et notamment de la perte d’un parent. Pour leur expliquer ce dont il s’agissait, le groupe d’élèves de bi-langue a présenté un diaporama que nous avions préparé ensemble en cours d’allemand. Des questions à poser à Stefanie Höfler ont été préparées en anglais de sorte que la partie « interview » a été menée dans trois langues. Une vraie tour de Babel !

Certaines séances ont été moins réussies que d’autres, il a fallu souvent relancer l’intérêt car l’ensemble de la séquence a duré presque deux mois, ce qui est un peu long. Mais pour finir, ils étaient heureux de montrer leur Buchtrailer ou de faire dédicacer leur bande dessinée imprimée en couleur.
Ce projet a permis de révéler quelques belles personnalités, de les entraîner au travail en autonomie et d’apprendre à mieux maîtriser l’outil numérique, ce qui en ces temps de confinement, se trouve être fort utile.

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