« Kamera läuft ! Le quotidien allemand en séries »

, par Muriel Hangouet

Le contexte

Pour la dixième année consécutive, les collégiens de 3° et 4° bilangue du collège Darius Milhaud de Sartrouville ont eu le privilège de participer à l’échange scolaire avec la Realschule de Waldkraiburg en Bavière. Accompagnés de leurs professeurs d’allemand et de technologie, les 15 participants de cette année ont eu pour tâche (librement inspirée d’une rubrique de l’émission « Karambolage « de Arte) de réaliser des mini-films présentant un objet allemand insolite n’existant pas en France. Le projet pédagogique s’est donc appuyé encore cette année sur les TICE, cette fois-ci dans le volet vidéo.

Le projet s’intitule « Kamera läuft ! Le quotidien allemand en séries » et vise à faire découvrir aux spectateurs l’art de vivre à l’allemande, par la présentation d’objets quotidiens inconnus en France. Sous forme de saynètes, si possible humoristiques, les élèves devaient mettre en scène des objets que l’on trouve dans les intérieurs allemands : des articles de cuisine tels le Brettchen,( petite tablette en bois ) le « Eierpiekser » ( pique œufs), le « Stövchen » (chauffe café ), le « Tropfenfänger » (l’anti-goutte) ou le « Eiersollbruchstellenverursacher » .. ou des objets visibles en extérieurs tels le « Zigarettenautomat » (distributeur automatique de cigarettes).

La mise en oeuvre

La première étape a consisté en la présentation par le professeur de technologie des différents types de films et de cadrages correspondants : ainsi les élèves ont pu choisir leur style de film entre le télé-achat, l’enquête policière, la publicité, la scène d’intérieur type « scènes de ménage » ou « Caméra café », le western, etc…

Par binômes, les élèves ont ensuite eu accès aux objets, soit en nature, soit en photo, sans en connaitre ni le nom ni l’usage. Ils ont ainsi eu plus de facilité à en trouver des emplois dérivés avant que ne leur soit révélé à la séance suivante le véritable usage qui devait constituer la chute de leur histoire.

L’écriture du scénario, étape la plus fastidieuse, a pu ensuite commencer.
Voici le cahier des charges qu’ils ont dû respecter pour le tournage :

 Limiter les changements de plans afin de privilégier le temps passé à l’expression orale plutôt qu’au montage vidéo (Sur le même principe que « caméra café », « un gars, une fille », « scènes de ménage »...)
 Limiter la durée de la scène à 3 minutes.
 Remplir la fiche scénario en mentionnant les plans et accessoires nécessaires.
 Se mettre en scène et utiliser éventuellement des camarades comme seconds rôles.

Du point de vue linguistique, le format implique l’usage d’une langue orale quotidienne qui fera l’objet de découverte ou de consolidation des points suivants :

  • Au niveau notionnel : l’expression du goût, de l’avis, du conseil…..
  • Au niveau lexical : adjectifs, quantificateurs, particules illocutoires, lexique de la cuisine, du temps libre…
  • Au niveau grammatical : l’impératif, les verbes de modalité, le parfait, ...
  • Au niveau phonologique, la prononciation et la prosodie.

Du point de vue transversal, les élèves travailleront les compétences suivantes du Pilier 3 du socle commun :

  • Je sais modifier une image, un son ou une vidéo.
  • Je maîtrise la manipulation d’une image, son ou vidéo de sa captation à son intégration dans un document.
  • Je choisis les conditions d’utilisation de mes productions publiées sur Internet et, en particulier, le type de licence nécessaire.
  • Je connais et je respecte les lois sur la propriété intellectuelle et les données personnelles
  • Je sais choisir un format consultable par le plus grand nombre d’utilisateurs
  • Je connais le fonctionnement et rôle de différents médias

La moitié du groupe de cette année connaissant déjà les lieux pour avoir participé l’an passé, il leur a été ainsi plus aisé de trouver des idées de lieux de tournage.

Lors de notre séjour du 6 au 13 mai 2015, les élèves ont utilisé l’unité de reportage empruntée par l’intermédiaire du site Creatice (caméscope Panasonic, micro-perche).

Les tournages ont été effectués en groupes réduits soit sur une heure de cours, soit après le rallye dans la ville pour la scène d’extérieur.

Exemples de films réalisés

Bilan

La pression du temps et la difficulté ont rendu l’exercice quelque peu stressant pour eux, comme en témoignent leurs réponses au sondage effectué en fin de projet.

Ils ont apprécié de découvrir les coulisses d’un tournage et de pouvoir prendre la mesure de la difficulté du jeu d’acteur et ont trouvé l’exercice « amusant ». Beaucoup affirment avoir appris de nouveaux mots et amélioré leur prononciation.

Cependant ils ont déploré le manque de temps pour l’apprentissage des dialogues. Leur principale difficulté a été d’imaginer la gestuelle en écrivant les dialogues et surtout de se concentrer lors du tournage à la fois sur la prononciation du texte et sur le jeu d’acteur.

Pour, nous initiateurs de ce projet, le tournage sur des créneaux limités était aussi un peu stressant, de même que les ajustements de dernière minute dus à la disponibilité des lieux de tournage ou à l’apprentissage approximatif des dialogues. Il aurait été judicieux d’augmenter le nombre de répétitions, pour obtenir un résultat plus satisfaisant, notamment au niveau de l’accent.

Malgré tout, cette expérience reste un challenge réussi qui motive les élèves au-delà du traditionnel carnet de voyage.

L’objectif était de leur faire découvrir des aspects inconnus du mode de vie allemand, en évitant les sempiternels clichés de « Lederhosen », de bière et de saucisse. Cette confrontation avec la réalité germanique a stimulé leur curiosité tant culturelle que linguistique. L’intérêt et la cohésion du groupe, la volonté de relever le défi et l’ouverture d’esprit dont ont fait preuve nos élèves sont une grande source de satisfaction.

Compte tenu que le séjour s’est déroulé sur la fin de l’année, nous n’avons hélas pas eu le temps de faire tourner comme prévu aux élèves français restés en France des scénarios sur des objets typiques français (par ex. la boule de pétanque , le fil à couper le foie gras...) ni de faire sous-titrer les dialogues en français par nos élèves, voire par leurs correspondants.

La volonté manifestée par de nombreux élèves de participer à nouveau à l’échange l’année prochaine témoigne du succès de cet échange qui reste une excellente source de motivation à l’apprentissage de l’allemand. C’est en outre un excellent moyen de promotion de la langue.

Par ailleurs, la venue de jeunes Allemands et les manifestations organisées dans le cadre de l’échange contribuent à créer les conditions d’une ouverture européenne dans des établissements qui accueillent un public très hétérogène aussi bien sur le plan social que culturel. Ces mini films pourront également être utilisés dans le cadre de la promotion de la culture et de la langue allemande lors des journées portes ouvertes de l’établissement.

Projet réalisé par Muriel Hangouët, professeur d’allemand, et Julien Charlier, professeur de technologie

Voir en ligne : Collège Darius Milhaud de Sartrouville

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