Dossier thématique : « Entraîner et évaluer la compréhension de l’écrit »

Comment faciliter et stimuler la lecture à partir d’un travail d’écriture créative ?

, par Christophe Vieu

Cette publication comporte des annexes et des productions d’élèves qui ne se trouvent uniquement dans le document intégral, téléchargeable en pdf !

En bref

  • Document de référence « Am Anfang war der Baum » de Christian Steyer. Christian Steyer (né le 6 décembre 1946 à Falkenstein -Saxe-) est un acteur et compositeur de musique de films allemand.
  • Classe  : seconde
  • Effectif  : 20 élèves venant de deux classes différentes, dont une seconde ayant le théâtre comme spécialité. Il y a quelques élèves musiciens, ce qui va s’avérer très utile.
  • Niveau  : A 2 B 1
  • Constat  : des écarts de niveau et de motivation importants.
  • Atouts  : classe spontanée, intéressée par les arts, la poésie.
  • Objectif  : Comment préparer les élèves à la lecture d’une légende poétique (extraite d’un album de Christian Steyer publié sous forme de CD audio et intitulé « Am Anfang war der Baum ») et stimuler leur envie d’en saisir le sens en leur donnant des outils de compréhension, en partie fournis au préalable à travers un travail d’écriture qui aboutit à une mise en voix théâtralisée. L’idée fondamentale est d’apprendre à mieux lire et à mieux comprendre -donc à mieux communiquer aussi- en écrivant.

Mise en oeuvre

Etapes du travail de création à partir de la thématique de l’arbre

I) Dessiner (rapidement) un arbre et le présenter en allemand à la classe en tenant compte de certains critères (âge, taille, pays, climat, environnement). Ces notions ont été réactivées au préalable en début d’année.

II) A partir de ces données et en s’appuyant sur le dessin retenu par chaque groupe de 4/5 élèves, écriture à plusieurs mains d’une légende commençant par « Es war einmal… ». Lors de cette phase, est mise à la disposition des élèves une « boîte à idées » destinée à faire face à l’éventualité d’une absence de propositions -ce qui finalement va s’avérer inutile- !

Il a été nécessaire de définir sommairement le terme de légende.

→ Chaque groupe a présenté ensuite sa production sur un support informatique, ce qui a permis à la classe, grâce à la vidéoprojection, de découvrir l’histoire de tous les groupes. Lecture d’abord silencieuse, puis à haute voix. Pour chaque production, une aide lexicale a été fournie aux élèves à la demande en fonction de leurs besoins. Il y avait toujours beaucoup de curiosité de la part des élèves à découvrir l’histoire produite par les autres groupes.

→ Les productions étant projetées, chaque élève a pu les recopier. Certains mots sont apparus dans ces productions comme Zauberer/denn/riesig/fällen/die Erde/bitten/kalt/überall/erzählen etc.

→ Certains faits langagiers ont été mis en valeur lors de ces séances d’écriture : par exemple la place du verbe dans la phrase. Le prétérit comme temps du récit écrit a été réactivé. Des connecteurs logiques indispensables ont été revus.

Bilan intermédiaire

Les productions (dessins + textes) des élèves ont servi d’aide : grâce à ces productions, le champ sémantique ayant trait au thème a été largement balayé. Les élèves allaient donc s’appuyer partiellement sur leurs propres créations textuelles pour comprendre le texte de C. Steyr.

Découverte progressive de la légende de C. Steyer grâce à une lecture séquencée

III) Légende première partie proposée à la lecture en classe

Am Anfang war der Baum

In grauer Vorzeit war es überall dunkel und kalt
Da lebten tief im Wald zwei mächtige Zauberer Yohi und Yipi
Sie waren Brüder und mussten seit jeher in dieser Finternis existieren,
Sowie alle anderen auf der Erde auch.

Dunkelheit und Kälte umhüllte alles Leben
Denn ein riesiger Baum, der zum Himmel ragte, von den Menschen Saumomera
genannt, bedeckte mit seinem Geäst und seinen Blättern die Welt,
So dass kein einziger Sonnenstrahl den Weg hinunterfand !
Doch es kam der Tag, da ertrugen die beiden Brüder diese Finternis nicht länger…

IV) Première pause après ertrugen die beiden Brüder dieses Finsternis nicht länger

Tâche :

a) Repérer la nature du support textuel
b) Identifier les protagonistes
c) Faire un dessin pour montrer ce que le début du texte raconte (quel est le problème, le « conflit » ?). Essayer de le visualiser.
d) Repérer le temps du récit et les connecteurs logiques.

→ Vérifier que tous les élèves ont compris le début de la légende et les enjeux par une rapide remédiation.

V) Deuxième étape : suite de la découverte et anticipation (en classe)

Voller Zorn blickten sie hinauf, begutachteten das Blättermeer, welches sie über das gesamte Himmelzelt erstreckte.
Dahinter befindet sich das Licht, von dem die Alten erzählen, dessen bin ich mir sicher” sprach der Ältere, und sie begannen…

a) Demander aux élèves d’imaginer ce que les deux frères vont faire pour sortir de cette situation. En principe, les propositions doivent aider à la compréhension de la suite du texte. L’objectif est de stimuler l’imagination et de créer une attente. Les hypothèses sont notées.

VI) Légende : suite et fin proposée à la lecture à la maison

→ Une aide lexicale a été fournie (en partie sous forme de reproductions de photos pour éviter d’avoir recours de façon trop systématique à la traduction).

→ Pour accompagner la lecture, des questions précises de compréhension de l’écrit ont été fournies (qui permettent de dégager clairement les différentes étapes pour résoudre le problème d’obscurité, puis de montrer l’intervention et l’échec des animaux, puis des hommes du village qui croient pouvoir épouser Eküna, et enfin le rôle du garçon qui provoque le dénouement grâce à une ruse). Une partie de la séance a été consacrée à la correction de ces questions.

Deux exercices ont été proposés autour du texte.

Des hypothèses ont été formulées quant à la portée symbolique de cette légende. La chute de l’arbre marque le début d’une ère nouvelle par l’apparition de la lumière et de l’eau. La fin est donc implicitement une promesse porteuse d’espoir.

(und die begannen)… Fruchtsamen vom Boden zu sammeln und schleuderten sie hoch in die Luft
So hoch, dass sie kleine Löcher am Himmel schlugen
Und tatsächlich, ganz feines Licht schien auf einmal an jenen Stellen hindurch.
Der Lärm und die Aufregung waren nicht unbemerkt geblieben
und zwar hatten sich Menschen um die beiden Zauberer versammelt und beobachteten das Spektakel
Sie schauten auf die zornigen Brüder und dann nach oben
Da sahen sie, was sie noch nie gesehen hatten : Sterne…
einige Lichtstrahlen fielen nun auf die Erde !
Aber Helligkeit gab es immer noch nicht

Da sprach der Jüngere : warum fällen wir den Baum nicht einfach ?
Das war leichter gesagt als getan, denn der Baum war riesig
Der Stamm war hundert mal dicker als der normaler Bäume

Deshalb baten die Brüder die Tiere, ihnen zu helfen

Doch nicht dem Specht und keinem anderen Tier gelang es, den Baum zu bezwingen

Ratlos schauten die beiden Brüder auf zu den Sternen
Da entdeckten sie ganz oben im Geäst des Riesenbaums die Umrisse eines Faultiers
So was !
Ein riesiges Faultier saß da und hielt die Äste des Baums zusammen

Da wandte sich der Ältere an die Menschen :

Ihr alle kennt unsere Schwester Eküna
Ihr wißt um ihre unbeschreibliche Schönheit
Wer das Faultier vom Himmel holt
Der bekommt unsere Schwester zur Frau

Da war klar, dass viele junge Männer den Baum bestiegen
Doch nur wenige erreichten den Wipfel
Die schüttelten die Zweige
Doch mit aller Kraft hielt das Faultier alles umklammert
Keinem gelang es, das Faultier hinunterzubringen
Vor Erschöpfung fielen sie einen nach dem anderen herab
Da blickten nun die beiden Zauberer ratlos auf zu den Sternen
Da sahen sie einen kleinen Jungen, oben im Geäst
Unbemerkt hatte er sich dem Fautier genährt, griff nun in einen Beutel, den er bei sich trug, nahm eine Handvoll Ameisen und warf sie dem Tier ins Gesicht
Um sich die Quälgeister aus den Augen zu streichen, ließ das Faultier die Äste los und fiel auf die Erde
Die Äste springen auseinander
Saumomera, der mächtige Baum, fiel
Da erblickten sie alle zum ersten Mal das Licht der Sonne

Aus dem Stamm aber von Saumomera enstand der große Fluss
Und aus seinen Zweigen und Ästen all die vielen Nebenflüsse und Bäche, die ihn speisen.

VII) Dans la phase suivante, les élèves ont fait une proposition de création de bande son pour mettre en voix/en musique cette légende. Ils ont distingué plusieurs parties : créer un environnement sonore adapté suppose qu’on ait bien compris le texte et ses rebondissements… Puis, à l’issue de cette étape, le document sonore original a été proposé aux élèves. Ils ont trouvé leurs propres propositions dans l’ensemble plus intéressantes, plus riches.

VIII) Enfin, les groupes de 4/5 élèves ont mis en espace et en voix (avec création d’un accompagnement sonore) leurs propres propositions textuelles (voir plus bas) écrites au début de la séquence. Ils ont présenté ces travaux sur le plateau du théâtre.

IX) Un travail d’invention à l’oral a été proposé (en binôme) : préparer en dix minutes une histoire de type légende sans rapport avec le texte de C. Steyer et la présenter aux autres élèves en mouvement/en action sans lire ses notes. Donc : écriture et théâtralisation

X) Évaluation

→ L’ensemble du travail (depuis l’écriture jusqu’à la présentation, a été évalué selon des critères qui prenaient aussi en compte les qualités de jeu et la pertinente des propositions (entre autres sonores) faites autour du texte. Élèves de théâtre et musiciens ont pu ainsi être valorisés dans leurs spécialités respectives.

→ L’évaluation de la lecture s’est faite à partir d’un conte pour lequel les élèves devaient, après avoir pris connaissance en classe du support et de ses aides lexicales, a) faire des repérages de temps/mots logiques b) montrer les différentes étapes du récit c) essayer de dégager la « morale de histoire »

Bilan

Ainsi le travail de lecture-découverte qui s’inscrivait dans une thématique abordée en amont (les îles du Nord de l’Allemagne, la géographie, la présence de la nature) a abouti à un travail créatif au cours duquel l’écriture et la lecture ont été reliées, l’une facilitant l’autre. Ce travail de lecture n’a pas été vécu comme difficile ou rébarbatif dans la mesure où le support était riche en rebondissements et chargé de sens. Les élèves ont vécu ce travail comme un voyage dans l’imaginaire. D’autres compétences, non linguistiques, ont été sollicitées. L’arbre, par sa valeur de symbole polysémique, a suscité des prises de parole fournies. Les élèves ont compris que l’arbre est une source inépuisable d’inspiration, comme en témoignent leurs propres productions.

Christophe Vieu -
Lycée JB Corot Savigny sur Orge

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