Dossier thématique : « Entraîner et évaluer la compréhension de l’écrit »

Lire pour découvrir le plaisir de la lecture en langue étrangère Compte rendu d’expérimentation

, par Elisabeth Michaud

En bref

  • Domaine de travail  : Lire pour découvrir le plaisir de la lecture en langue étrangère
  • Problématique : Comment lire avec plaisir malgré les entraves dues à la langue étrangère ?
  • Classe / groupe d’expérimentation : classe de troisième européenne
  • Niveaux de compétences en CE : de A2 à B1-1
  • Contexte de l’activité de lecture : Les deux heures hebdomadaires d’option européenne

Mise en œuvre de l’activité

Après avoir travaillé avec ce groupe d’élèves en classe de quatrième sur l’entraînement à la compréhension de l’écrit, je souhaitais poursuivre l’année suivante, en troisième, avec la proposition d’une lecture autonome. J’ai donc décidé d’instaurer un dialogue avec la classe sur l’objectif de la lecture autonome. Dans un premier temps, la question : « Lire en langue étrangère, pourquoi ? » n’a obtenu que des réponses très générales, comme par exemple : « Lire pour apprendre du lexique, lire pour découvrir la littérature allemande, lire pour découvrir ce que lisent les jeunes Allemands », quand un élève a dit : « J’aimerais lire des choses intéressantes ». Nous avons alors approfondi la réflexion et la classe a exprimé le regret de ne pouvoir lire en langue étrangère des contenus en cohérence avec leurs centres d’intérêts (souvent en lien avec la littérature fantastique), et d’avoir souvent à réaliser diverses tâches tout au long de la lecture. Les élèves souhaitaient pourvoir lire une œuvre sans que la lecture ne soit régulièrement ponctuée d’exercices d’aide ou de vérification de la compréhension. En lien avec le travail commencé l’an dernier en quatrième, j’ai donc décidé de rechercher des mangas accessibles aux élèves de cet âge et j’ai trouvé le manga « Dystopia » de Judith Park, plutôt destiné à des lectrices car il raconte l’histoire d’amour d’une jeune adolescente ainsi que son amitié avec sa meilleure amie. Pour les garçons (trois élèves du groupe), j’ai dû malheureusement me contenter de la traduction en allemand de Fairy Tail de Hiro Mashima qu’ils avaient, pour certains, déjà lu en français.

Ce compte-rendu s’inscrit donc dans la poursuite du travail de création sur les mangas proposé au même groupe d’élèves l’année précédente. Les différentes règles de composition des mangas, les codes de lecture de droite à gauche, de la dernière vers la première page, les sentiments exprimés par les visages, les courbes, les lignes….. ont été évoqués brièvement en plénière.

Seules, quelques filles connaissaient les mangas et d’autres rejetaient l’idée de se confronter à ce genre de bande dessinée. Cette activité de lecture autonome a donc débuté sans beaucoup de motivation de la part des élèves. Ils disposaient chacun de leur livre et nous avons constitué des groupes de trois, cette forme de travail permettant ainsi de faire régulièrement des pauses pour réguler et vérifier la compréhension : un élève du groupe racontait brièvement, en allemand, ce qu’il avait compris du chapitre, aux autres. Peu à peu, un intérêt pour l’histoire s’est imposé au sein des groupes, le désir de lire la suite, l’impatience de connaître l’issue de cette histoire d’amour entre deux adolescents faisait place peu à peu au manque d’enthousiasme du début. Lors des phases de bilan dans les groupes, les élèves avaient hâte de relire certains passages pour accéder au sens de telle ou telle page qui avait posé problème. Les garçons commençaient à s’intéresser également à ce que lisaient les filles. Tous découvraient le plaisir de la lecture, très étonnés que cela puisse leur arriver en langue étrangère !

Bilan

Le bilan est très positif. Les élèves ont surmonté et dépassé les entraves à la compréhension de l’écrit au cours de cette lecture autonome grâce à une motivation inattendue, générée par le contenu du manga, parfaitement adapté à des adolescents de cet âge. Les garçons ont finalement lu volontiers le manga qui leur était destiné et dont ils connaissaient le contenu. Deux d’entre eux lisent actuellement d’autres mangas en allemand, sur leur initiative personnelle, en complète autonomie. On ne pourrait bien entendu se limiter au genre de la bande dessinée comme support de lecture autonome, mais les élèves ont, grâce à cette expérience, pris conscience de leurs capacités, de leurs compétences. Ayant intégré des stratégies de lecture, ils peuvent maintenant s’ouvrir à des œuvres plus denses et plus complexes en langue étrangère.

Elisabeth Michaud -
Collège Paul et Marie Curie
L’ISLE ADAM (95)

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